Chaque dimanche, jusqu'à la rentrée, découvrez le quotidien des policiers de Tourcoing. Aujourd'hui, le service de quart, qui est au commissariat ce que les urgences sont à l'hôpital. C'est par là que toutes les affaires importantes et imprévues transitent.
PAR ROBERT LEFEBVRE
tourcoing@lavoixdunord.fr
Vendredi 25 juillet, 13 heures. - Dorothée, Yannick et Mathilde, 31 ans, prennent leur service. Déjà, deux jeunes hommes ont été interpellés en flagrant délit de vol à Auchan Roncq. Ils sont auditionnés séparément par les fonctionnaires du quart. Ils repartent libres avec une convocation en justice. Le matériel dérobé sera rendu à Auchan : « Et qu'on ne vous reprenne pas dans ce magasin. » À peine l'audition terminée, Dorothée, lieutenant de police, reçoit un coup de téléphone : « Un enfant de 6 ans a été emmené de force par un homme dans son appartement. Une patrouille, alertée par les copains du gamin, a récupéré l'enfant et l'homme dans l'appartement. L'enfant aurait été violenté. » Immédiatement, le quart se saisit de l'affaire. Dorothée descend dans les geôles du commissariat pour notifier à l'agresseur présumé son placement en garde à vue. « Les faits sont graves et nous avons besoin de vérifier ses propos comme ceux de l'enfant. Je lui ai notifié ses droits. À sa demande, sa famille va être avisée. Le parquet va immédiatement être prévenu du placement en garde à vue. L'homme refuse de voir un médecin et de prévenir un avocat. » Un billet de garde à vue avec les doléances de l'individu est rédigé, puis donné au geôlier.
14 h 15. - Yannick, gardien de la paix, auditionne l'enfant. Ce dernier explique comment il a été poussé dans l'escalier, emmené de force dans l'appartement et comment l'homme lui a tiré l'oreille. « Ça va aller bonhomme, j'ai tout compris », lance Yannick pour rassurer l'enfant encore sous le choc. Le policier pose des questions précises pour savoir si d'éventuelles violences à caractère sexuel ont été commises. L'enfant est formel. Rien de tout cela ne s'est passé.
Après avoir pris la plainte de la mère de la victime, le gardien de la paix confie : « C'est la première fois que j'entends un enfant aussi jeune. Dans ce métier, on doit faire abstraction de sa vie personnelle. » C'est maintenant à l'agresseur présumé d'être auditionné : « Je lui ai tiré l'oreille, je lui ai tenu le bras mais je ne lui ai pas donné de coups de pied. Il a dû se cogner », explique l'homme, excédé que ce gamin vienne régulièrement sonner à sa porte pour voir son fils. Le policier lui montre les photos des marques sur le corps de l'enfant : « Ce sont des coups frais d'aujourd'hui , tonne le fonctionnaire. On ne secoue pas un enfant de six ans. Tirer les oreilles, ce sont des violences. » En fin d'après-midi, les fonctionnaires du quart reçoivent les conclusions du médecin légiste ayant ausculté l'enfant : deux jours d'interruption totale de travail (ITT). L'agent de police judiciaire contacte alors le parquet de Lille et rend compte de l'affaire. Le juge décide la remise en liberté de l'agresseur. Courant octobre, il fera l'objet d'un rappel à la loi devant le délégué du procureur.