"Période d'adaptation", "tâtonnement": la mise en place à la hâte des nouveaux horaires dans les écoles, avec semaine de quatre jours et heures de soutien scolaire, risque de connaître des ratés dans certaines communes, compte tenu des difficultés de la tâche.
Le ministre de l'Education Xavier Darcos ayant refusé le report d'un an que demandait l'Association des maires de France (AMF), les mairies n'ont eu que les deux mois d'été pour s'adapter, et parfois chambouler leur dispositif, en matière notamment de transport et de restauration.
"Beaucoup de collectivités ne sont pas complètement prêtes", reconnaît Pierre Yves Jardel, en charge des questions d'éducation à l'AMF.
Selon le maire d'Orbais l'Abbaye (Marne), ce n'est "pas par mauvaise volonté ou par choix politique", les maires étant en général plutôt favorables au soutien scolaire assuré par des enseignants. "Simplement elles n'ont pas eu le temps suffisant".
Pour Claude Gabillard, maire (PS) de Drefféac (Loire-Atlantique), 1.500 habitants, ce sont les petites communes rurales qui vont connaître le plus de difficultés.
"Si on veut mettre 30 minutes de soutien le midi, alors que les enfants ont une heure et demie pour manger, comment faire pour assurer un service à la carte?", interroge-t-il. "Des heures de soutien le mercredi matin? Ca voudrait dire un car pour quelques élèves seulement, ce qui a un coût supplémentaire, ou alors laisser les parents emmener leurs enfants à l'école?".
"C'est le flou artistique. Je ne sais comment on va s'organiser", renchérit Anne-Marie Pin, premier adjoint au maire (DVD) de Jaudignac-et-Loirac (Gironde). Elle aussi s'inquiète pour les transports scolaires car "tous les enfants ne vont pas avoir de soutien scolaire" et ne vont donc pas repartir à la même heure.
"Le transport scolaire, c'est un château de cartes. Dès qu'on bouge une carte, c'est tout l'édifice qui risque de s'effondrer", affirme M. Jardel.
Un vrai casse-tête. D'autant que les horaires de soutien peuvent varier d'une école à l'autre.
Ainsi à Champs-sur-Marne (Seine-et-Marne), où chaque école a décidé de son emploi du temps, "c'est la pagaille", affirme Maud Tallet, maire (PCF) de la ville et ancienne enseignante. La moitié des groupes scolaires feront 3 fois quarante minutes le midi, d'autres 4 fois 30 minutes, d'autres deux fois une heure, et certains n'ont pas choisi.
Outre la difficulté pour les parents, ces horaires à la carte vont compliquer considérablement l'organisation du travail des agents scolaires, chargés de la cantine ou du nettoyage des locaux après les classes et parfois nécessiter davantage de personnel, soulignent les maires.
Ces modifications auront forcément un coût pour les communes. M. Jardel l'estime à 20.000 euros pour les 350 enfants scolarisés dans la communauté de communes qu'il préside. "Il faudra s'en souvenir lorsqu'on fera le point sur la fiscalité locale".
Pour Danielle Casanova, adjointe au maire UMP de Marseille, "le soutien scolaire entre midi et 14H00 va entraîner l'augmentation du nombre d'enfants qui mangent à la cantine et donc des frais accrus pour la municipalité qui débourse entre 7 et 8 euros pour chaque repas".
Charges qui viendront s'ajouter à celles résultant du toujours controversé service minimum obligatoire en cas de grève des enseignants.
"C'est la première fois que je vois un Etat dire, quand le service public marche, c'est moi qui m'en occupe, mais quand il ne marche pas, ce sont les communes. Je vais demander à mon conseil s'il veut faire appliquer la loi et s'il ne le veut pas, je suis prêt à la désobéissance civique", tranche Pierre Vernot, maire (DVG) de Saint-Lambert-la-Potherie (2.380 habitants), près d'Angers