Cette fois, les discussions vont prendre un tour tout à fait officiel. Henri Martini, secrétaire général de l'UNSA-Police, premier syndicat des gardiens et gradés, particulièrement implanté chez les CRS, a reçu le 8 septembre le mandat de son bureau pour discuter d'un éventuel rapprochement avec le Syndicat général de la police, SGP-FO, troisième sur l'échiquier syndical policier. Cette fusion, si elle se confirme, donnerait naissance à un nouvel ensemble face à des syndicats, Alliance et Synergie Officiers, réputés proches de Nicolas Sarkozy.
De son côté, l'UNSA-Police est considéré plutôt proche du PS. Bloc contre bloc, donc.
A un an des élections professionnelles, l'UNSA-Police préfère prendre les devants et organise un congrès extraordinaire avant la fin de l'année 2008. "On ne peut pas nous marier contre notre gré, lance M. Martini. Depuis le début, Alliance est notre adversaire. Il a toujours prôné le travail au mérite, on est contre ; il est pour une police répressive, nous, pour une police de proximité." A tel point qu'un responsable de l'UNSA-Police a récemment désigné Alliance comme le "syndicat de Papon"...
"On est moins sectaires", ironise Jean-Claude Delage. "On appellera nos militants et ceux de l'UNSA au rapprochement", poursuit le secrétaire général d'Alliance, qui espère bien récupérer une partie des adhérents du camp d'en face.
Dans son mensuel de septembre, l'UNSA-Police affiche clairement la couleur. Sur deux pages, Francis Masanet, secrétaire général adjoint, et Jean-Claude Hoang-Phu, secrétaire national, dénoncent le rapprochement des deux centrales UNSA et CGC et "le rideau de fumée qui entoure les tractations en cours". "Tout ou presque sépare les deux organisations syndicales", écrivent-ils, en citant la réforme des retraites de 2003, alors approuvée par la CGG. "D'inspiration libérale, la CGC a sa logique. Elle n'a jamais été celle de l'UNSA et en aucun cas celle de l'UNSA-Police."
A trois reprises, les responsables de l'UNSA-Police et du SGP-FO se sont, à titre officieux, rencontrés depuis début septembre. Ces discussions sont exclusives pour l'UNSA-Police qui n'a approché aucune autre organisation : ni la CFDT, ni la CFTC, encore moins la CGT "qui n'est pas la tasse de thé des policiers", selon M. Martini. Il s'agit de "construire un syndicat policier d'avenir", précise Nicolas Comte, secrétaire général de SGP-FO, qui voudrait "un syndicat déconnecté des partis politiques car certains ont été trop impliqués dans la dernière campagne (présidentielle)".
Le rapprochement UNSA-Police SGP-FO ravive une autre histoire. En 1996, le SGP avait provoqué la dislocation de la puissante Fédération autonome des syndicats de police (FASP) dont il faisait partie. Deux ans plus tard, les principales organisations de la fédération parties de leur côté donnaient naissance... à l'UNSA-Police.